Cauchemars, terreurs nocturnes, peur de s’endormir... Voici les solutions d’un spécialiste pour que votre enfant dorme bien.
Commençons par mettre un terme à une idée reçue : qu’un enfant ait des problèmes de sommeil, c’est normal ! Il peut bien dormir une nuit et pas la suivante. Une mauvaise note, une dispute, un rhume... sont autant de raisons de ne pas s’endormir en un battement de paupières.
Les spécialistes parlent de troubles du sommeil quand les mauvaises nuits durent depuis plus d’un mois. Elles sont à prendre au sérieux, car elles peuvent entraîner des problèmes scolaires et une santé plus fragile. Des conseils au cas par cas.
Votre enfant a peur de s’endormir
Il est fréquent que les enfants aient peur de sombrer dans le sommeil : ils ont peur d’entrer dans la solitude.
Que faire ? Malgré le rituel d’endormissement, l’histoire, le câlin, votre enfant est inquiet. « Proposez-lui un exercice de relaxation comme le “jeu du manège” qui l’amène à se calmer grâce à des mouvements de balancement », dit le Dr Stéphane Clerget, pédopsychiatre.
Faites-le asseoir sur son lit en tailleur comme sur une chaise à bascule : il se balance d’avant en arrière lentement quelques minutes, sans parler, avant de s’allonger pour s’endormir tranquillement.
Votre enfant fait des cauchemars
« Ils expriment sa vie intérieure : ils sont inspirés par ce que l’enfant a vécu dans sa journée, comme une remontrance de la maîtresse ou une frustration à la maison, indique le Dr Clerget. Le cauchemar apparaît quand le mécanisme du rêve est insuffisant pour évacuer les tensions accumulées. »
Que faire ? La règle d’or est de le consoler et de le rassurer. Expliquez-lui que son cauchemar n’est pas la réalité, qu’il n’a rien à craindre et que tout le monde fait des mauvais rêves, même vous ! Le lendemain, proposez-lui d’en reparler : “Cette nuit, tu as eu peur. De qui ? De quoi ? Raconte-moi.” En parlant de ses rêves ou en les dessinant, l’enfant va pouvoir évacuer ses terreurs.
Vous pouvez également lui proposer d’imaginer la suite de son cauchemar : de quelle manière aurait-il terrassé le dragon, en lui envoyant une pierre ou en le faisant disparaître d’un coup de baguette magique ?
Le but de ce jeu est de faire en sorte que l’enfant apprenne à se rassurer lui-même. « Mais attention, si les cauchemars sont très fréquents, cela peut être le signe d’une grande angoisse chez l’enfant ! Dans ce cas, n’hésitez pas à consulter son pédiatre qui pourra vous orienter vers un pédopsychiatre », conseille le Dr Clerget.
Votre enfant a peur du noir
Entre deux et cinq ans, rares sont les enfants qui échappent à la peur du noir. Pourquoi ? « La nuit rend vulnérable,explique le Dr Clerget. L’obscurité prend, pour l’enfant, des allures de piège : il ne voit plus rien et n’a aucune maîtrise sur son environnement. »
Que faire ? Le rassurer car il a réellement peur. S’il vous appelle en pleine nuit, allez le voir : allumez la lumière, montrez-lui ses affaires, expliquez-lui qu’il n’a rien à craindre puisque vous êtes dans la pièce à côté et que vous veillez sur son sommeil.
La nuit, laissez-lui un petit éclairage en vérifiant qu’il ne projette pas d’ombres inquiétantes dans sa chambre. Ne vous inquiétez pas, il ne prendra pas l’habitude de dormir avec cette lumière ; ce besoin passera avec l’âge.
Votre enfant a des terreurs nocturnes
En pleine nuit, votre enfant se met à crier, à pleurer, se débat quand vous l’approchez... alors qu’il dort profondément. L’épisode de terreur nocturne survient durant la phase de sommeil lent-profond. Il dure entre une et vingt minutes. Le lendemain, au réveil, l’enfant ne se souvient de rien.
Que faire ? Sur le moment, inutile de réveiller votre enfant, car cela peut le mettre dans un état confusionnel très pénible. Le mieux est de le calmer en lui parlant doucement afin d’apaiser sa terreur et de l’inciter à retourner au lit.
« On sait encore peu de chose sur la survenue de ces crises, admet le spécialiste. Il semble qu’elles touchent en priorité les enfants stressés ou qui sont trop excités au moment d’aller au lit. Pour éviter ces situations, ayez un train de vie calme le soir : évitez par exemple les jeux vidéo, les discussions houleuses avec votre enfant... Préférez faire du dessin, de la lecture ou du coloriage avec lui. »
Préparez-lui un dîner léger à base de féculents qui aident l’organisme à fabriquer de la sérotonine, un neurotransmetteur aux propriétés apaisantes et sédatives, et de produits laitiers qui contiennent du tryptophane, un acide aminé précurseur de sérotonine. Enfin, au moment du coucher, ne faites pas l’impasse sur le rituel d’endormissement et l’histoire qui va avec.
Votre enfant a un reflux gastro-œsophagien
« Le reflux gastro-œsophagien touche un tiers des bébés avant un an, assure le Dr Clerget. Le petit clapet situé en haut de l’œsophage, qui est censé empêcher la remontée du contenu de l’estomac, est encore immature à cet âge. »
Ce reflux se manifeste plusieurs heures après le repas. Ces remontées acides sont très douloureuses pour le bébé et perturbent son endormissement.
Que faire ? Plusieurs solutions sont possibles. Optez pour des laits antireflux ou épaississez-le avec de la farine d’amidon ou de caroube ; fractionnez ses repas et ne donnez pas des quantités trop importantes ; surélevez l’enfant en plaçant dans son lit un plan incliné de 30 à 40 ° environ. Vous pouvez aussi glisser un oreiller sous le matelas.
« Si cela est insuffisant, son médecin pourra prescrire des pansements gastriques à prendre avant le repas : ces derniers tapissent la muqueuse de l’estomac et facilitent la digestion », précise le Dr Clerget.
En règle générale, le reflux gastro-œsophagien disparaît au moment de la marche. Dans le cas contraire, le médecin pourra prescrire des inhibiteurs de sécrétions acides et vérifier par fibroscopie s’il n’y a pas d’anomalies au niveau de l’œsophage ou de l’estomac.