Selon un rapport de l'ANSM, le scandale des prothèses PIP n'a pas détourné les femmes de ce type de chirurgie, mais les a rendues plus vigilantes.
Si le scandale des prothèses PIP n'a pas eu de conséquences sur le nombre d’implants mammaires posés chaque année, il semble néanmoins avoir sensibiliser les patientes aux risques potentiels de ce type d’opérations. C'est le constat principal qu’on peut tirer du rapport publié mardi 6 mai par l'Agence nationale de sécurité des produits de santé (ANSM) sur l'utilisation en France des implants en silicone pour la période 2010-2013.
50.000 prothèses posées chaque année
Le scandale n'a en effet pas détourné les femmes de ce type de chirurgie, puisque chaque année en France, 50.000 d'entre elles reçoivent des prothèses mammaires.
80% pour des raisons esthétiques et moins de 20% dans le cadre d'une chirurgie réparatrice, précise le rapport. Depuis 2001, plus de 610.000 implants mammaires emplis de gel en silicone ont été vendus en France, indique le rapport qui estime qu’à l’heure actuelle quelque 336.000 femmes vivent avec des prothèses.
(Crédit : ANSM)
Le scandale des prothèses PIP semble en revanche avoir sensibilisé les acteurs de santé et les patientes à une vigilance accrues vis-à-vis de ces dispositifs.
Pour la période 2010 à 2012, 2 169 déclarations d’incidents relatifs à des implants mammaires en silicone ont été rapportées. En 2010 et 2011, on dénombre respectivement 214 et 271 déclarations. En 2012, ce nombre a été multiplié par six et a atteint 1 684.
(Crédit : ANSM)
Selon l'ANSM, cette augmentation en 2012 est à mettre en relation avec la médiatisation autour des implants mammaires de la société PIP, en particulier fin 2011, qui a incité les patientes et les chirurgiens à un meilleur suivi et a sensibiliser les fabricants et les professionnels de santé à la nécessité de déclarer les incidents de matériovigilance.
Si "aucune situation frauduleuse telle que celle rencontrée avec la société PIP n’a été constatée", l'ANSM rappelle "que la durée de vie des implants posés est quoiqu’il en soit limitée dans le temps."
À remplacer tous les 7 à 10 ans
Brigitte Heuls, directrice des dispositifs médicaux thérapeutiques à l'ANSM, rappelle ainsi que "la durée de vie des implants est en moyenne de 7 à 10 ans, et non pas au-delà de 10 ans comme c'était envisagé auparavant."
Elle souligne également que les femmes qui envisagent une implantation doivent ainsi prévoir "une série de réinterventions, car il faudra changer" les implants, et savoir "qu'elles devront être régulièrement suivies sur le plan médical pour s'assurer de l'intégrité de la prothèse".
Aujourd'hui, le port d'implants ne semble pas présenter de risque majeur. Le taux de ruptures d'implants rapporté à l'ANSM est très faible : en moyenne 0,13% sur les dix dernières années en fonction de la durée d'implantation. Et aucun sur-risque de cancer du sein par rapport à la population générale des femmes non porteuses de prothèses n'a été constaté par l'agence.
Les prothèses PIP semble donc être restées un cas isolé de défaillance.
Les fabricants ne mettent pas de gels frelatés dans leurs implants", garantit ainsi Brigitte Heuls, directrice des dispositifs médicaux thérapeutiques à l'ANSM.
"Les inspections ont relevé quelques erreurs, des problèmes de conformité chez quelques fabricants, mais pas susceptibles d'engendrer un risque pour la santé des patients", conclut-elle.
source : sciencesetavenir