La femme des années 2020 gérera-t-elle sa contraception et ses envies de maternité à coup de télécommande ? L'idée n'est plus tout à fait futuriste. Les ingénieurs de MicroChips, start-up américaine, issue d'un projet de recherche du Massachusetts Institute of Technology (MIT) y travaillent, avec le soutien financier de poids de la Fondation Bill et Melinda Gates. Depuis que le fondateur de Microsoft a lâché la Silicon Valley pour consacrer temps et argent à une fondation largement dédiée à la recherche et la lutte contre le sida et les MST, ce n'est pas le premier projet « contraceptif » qu'il finance.
Rompu aux coups aussi éclatants que sa fortune, Bill Gates avait lancé en 2013 un appel mondial, offrant 100 000 $ à l'inventeur du préservatif du futur, la capote étant l'incontournable accessoire pour faire barrage aux maladies. Le millionnaire a fait son choix le mois dernier, allouant la cagnotte à une équipe de chercheurs australiens, pour un projet remplaçant le latex par un tissu à base d'hydrogel, à la fois résistant et proche de l'effet peau. La fondation, qui milite pour que 120 millions de femmes de plus aient accès à une planification familiale de qualité dans le monde d'ici à 2020, a donc aussi mis des billes dans un projet d'implant contraceptif longue durée, dont les utilisatrices pourraient avoir la maîtrise.
Une possible mise sur le marché d'ici quatre ans
« Est-ce concevable ? », a demandé Bill Gates, visitant le laboratoire du professeur Robert Langer il y a deux ans, rapporte la « MIT Review ». Ledit professeur a aussitôt pensé à une technologie -- qu'il avait inventé dans les années 1990 -- de puce électronique implantable sous la peau et contrôlable à distance, sans fil. Ils ont fait appel à la start-up pour l'adapter. Concrètement, l'implant imaginé par les chercheurs comporte une puce électronique sur laquelle sont scellés des micros réservoirs de 20 mm, contenant du lévonorgestrel, progestatif bloquant l'ovulation utilisé dans les implants et stérilets existants. Grâce à une pile interne qui fait temporairement fondre les joints scellant les réservoirs, le tout -- glissé sous la peau des fesses, de l'avant-bras ou du ventre -- permet de délivrer une dose quotidienne de 30 microgrammes d'hormones... pendant seize ans. Soit trois fois plus longtemps que les implants du marché.
Cette pilule du futur serait dotée d'un interrupteur, (dés)activable par son utilisatrice par télécommande. Si MicroChips envisage une possible mise sur le marché d'ici quatre ans, reste quelques détails de sécurité à peaufiner : pouvoir assurer la durée de vie réelle de l'objet mais aussi crypter les puces, pour que personne ne puisse « hacker » le dispositif !
source : leparisien