Lors de la petite enfance, la formation importante de neurones effacerait les souvenirs, selon une nouvelle étude.
Pourquoi personne ne se souvient de ses premiers pas, de ses premiers jouets ou encore de son arrivée à la crèche ? C'est la question que s'est posée une équipe canadienne. Elle a ainsi montré, que ce fait résulte en partie de la formation importante de nouveaux neurones (appelée "neurogenèse") pendant l'enfance.
La neurogenèse favorise l'enregistrement de souvenirs mais en efface aussi
MÉMORISATION. Quel lien entre mémorisation et neurogenèse ? Le stockage des souvenirs s’effectue notamment dans l’hippocampe et le bulbe olfactif, deux régions du cerveau où de nouveaux neurones se forment intensément pendant l'enfance et à l'âge adulte. La mémorisation renforce certaines connexions (appelées synapses) entre neurones et en affaiblit d’autres. Ainsi, dans le cerveau, un souvenir est codé par une configuration particulière de modifications de synapses.
La neurogenèse adulte favoriserait l’enregistrement de souvenirs voisins : deux lieux qui se ressemblent, par exemple, sont stockés et discriminés par la suite. Mais des simulations sur ordinateur ont suggéré qu'elle effacerait aussi certains souvenirs, en perturbant les réseaux neuronaux existants.
EXPÉRIENCES. C'est cette dernière hypothèse que l'équipe canadienne a choisi de testé. Elle a d’abord fait mémoriser une réaction de peur à des souriceaux et des souris adultes : les animaux étaient placés dans une enceinte et un léger choc électrique à la patte leur était systématiquement administré en présence d’un certain décor. Quand les chercheurs les replaçaient dans ce décor par la suite, ils se figeaient, comme tétanisés, au lieu d’explorer l’enceinte.
La durée pendant laquelle les souris ont gardé la mémoire de cette peur a été analysée en les confrontant à l’environnement effrayant de 1 à 28 jours après l’apprentissage.
Stimuler la neurogenèse accélère l'oubli du souvenir
RÉSULTATS. Les souris adultes manifestaient toujours autant de réaction de peur au bout de 28 jours, tandis que les souriceaux, chez qui la neurogenèse est bien plus importante, en montraient vite beaucoup moins : ils oubliaient plus rapidement le conditionnement.
Les chercheurs ont même découvert que stimuler la neurogenèse dans l'hippocampe permet d'accélérer l'oubli des souvenirs infantiles et au contraire, ralentir la neurogenèse fixe ces souvenirs.
Les chercheurs ont répété ces expériences chez des cochons d’inde et des dègues du Chili (un autre petit rongeur) âgés de quelques jours, et ont obtenu ces mêmes résultats.
source : sciencesetavenir