Contre l'addiction au tabac, la cigarette électronique ne cesse de gagner du terrain sur les autres substituts nicotoniques pour ceux qui veulent arrêter de fumer.



L’engouement pour la cigarette électronique chez les fumeurs a fait bouger les lignes (à lire aussi : que faut-il penser de la cigarette électronique ?). Ces derniers mois, les patients ont affiché clairement leur préférence pour des produits atypiques qui, manifestement, les aident à se libérer de leur addiction au tabac.
Pris de vitesse, le corps médical s’adapte et propose désormais une offre de soins plus large.
Publiée dans The Lancet en septembre 2013, une étude a jeté un pavé dans la mare : la cigarette électronique serait aussi efficace que les substituts nicotiniques pour arrêter de fumer. Elle n’est pourtant pas encore reconnue dans l’arsenal du sevrage tabagique.
Les traitements actuels ont un taux de réussite deux à trois fois supérieur à un placebo. Mais, les rechutes sont nombreuses. En général, il faut trois ou quatre tentatives avant de réussir son sevrage.

Les substituts nicotiniques

Gommes, patches et sprays délivrent de la nicotine, sans apporter les produits cancérigènes du tabac. « L’important, c’est d’avoir une dose suffisante. Le traitement dure en principe trois mois », explique le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue.
Avantages : les substituts nictoniques sont en vente libre dans les pharmacies. S’ils sont prescrits par un médecin ou une sage-femme, la Sécurité sociale rembourse un forfait d’arrêt du tabac (50 € par personne et par an ; 150 € pour les femmes enceintes, les bénéficiaires de la Couverture médicale universelle, et les 20-25 ans).
Inconvénients : quelques effets secondaires sont possibles (irritation de la bouche...). Par ailleurs, ces produits ne suppriment pas l’addiction à la nicotine. Le risque de maintenir une dépendance semble plus élevé avec les formes orales, du fait de leur action plus rapide sur le cerveau. (A lire aussi : substituts nicotiniques : efficaces à court terme.)

La e-cigarette

Pour le Pr Pier-Vincenzo Piazza, spécialiste de physiopathologie de l’addiction à l’Inserm, la cigarette électronique sera « le meilleur substitut nicotinique à condition qu’elle devienne un produit contrôlé ». Car la nicotine qu’elle apporte a une vitesse d’accès au cerveau qui se rapproche de celle d’une cigarette ordinaire.
Avantages : elle est beaucoup moins toxique que le tabac. « Elle permet de se libérer du monoxyde de carbone et de diminuer sa dose de nicotine, donc de devenir moins dépendant », dit le Pr Dautzenberg.
Inconvénients : les e-cigarettes contiennent des substances dont l’effet sur la santé n’est pas évalué. Le journal60 millions de consommateurs a relevé la présence de produits potentiellement cancérigènes.
Par ailleurs, la cigarette électronique, comme les substituts nicotiniques, aide au sevrage tabagique, mais ne soigne pas l’addiction. « Beaucoup de patients reconnaissent qu’il est important pour eux de garder le contact de la fumée sur la gorge. Pour certains, c’est plus important que la nicotine », dit le Pr Dautzenberg.

Le Champix

Le Champix a été accusé d’augmenter le risque de dépression et de suicide. Mais une récente étude, parue dans leBritish medical journal, l’a innocenté. Le sevrage est, de toute façon, un moment difficile. « Quelque 30 % des gros fumeurs font une dépression à l’arrêt du tabac », observe le Pr Piazza. (A lire aussi : Arrêt du tabac : le Champix et le Zyban seraient sans risque.)
Avantages : il réduit le manque en agissant, dans le cerveau, sur les mêmes récepteurs que la nicotine. Des études montrent qu’il est un peu plus efficace que les substituts nicotiniques et que le Zyban.
Inconvénients : il n’est pas inclus dans le forfait de la Sécurité sociale. Principaux effets secondaires : nausées et cauchemars.

Le Zyban

A l’origine, le Zyban est un antidépresseur. Comme le Champix, il a été soupçonné d’augmenter le risque suicidaire. Lui aussi a été réhabilité par l’étude du British medical journal.
Avantages : il diminue le craving, l’envie irrépressible de fumer.
Inconvénients : il présente un risque d’insomnie dans 30 à 40 % des cas, de troubles neurologiques (beaucoup plus rares) et d’interactions avec d’autres médicaments (certains antidépresseurs, bêtabloquants...). Il est ainsi prescrit en dernier recours, pour les fumeurs très dépendants.
sources : Sylvie Dellus
 
Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 
Paris
Dr Amandine Luquiens, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse, Villejuif
Pr pier-Vincenzo Piazza, spécialiste de physiopathologie de l’addiction à l’Inserm
 
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