"Les coliques du nourrisson", maladie mal connue qui préoccupe pourtant bien des parents, souvent avec un certain nombre d'idées reçues. Explications.

Les coliques du nourrisson peuvent commencer dès la sortie de la maternité et s'arrêtent globalement avant 4 mois, avec une apogée entre 6 et 8 semaines, où 20 à 25 % des bébés en souffrent. © DIDIER PALLAGES / AFP
Sur Internet, les forums de jeunes parents sont remplis d'interrogations sur le sujet. Et pour cause, bébé pleure sans arrêt et personne n'est vraiment capable de l'expliquer. De toute part, des conseils parfois étranges et souvent inutiles. Mais faut-il vraiment s'inquiéter ? Sciences et Avenir fait le point avec le Dr Marc Bellaïche, gastropédiatre à l'hôpital Robert Debré (Paris).

1Les coliques du nourrisson existent-elles vraiment ?

Oui, c'est une entité médicale bien réelle. Les coliques du nourrisson peuvent commencer dès la sortie de la maternité et s'arrêtent globalement avant 4 mois, avec une apogée entre 6 et 8 semaines, où 20 à 25 % des bébés en souffrent.
Concrètement, il s'agit de pleurs inexpliqués du nourrisson. Un bébé pleure en moyenne 1h30 par jour, et c'est normal. Il existe une définition médicale précise : on parle de coliques quand un nourrisson (entre 0 et 4 mois) pleure plus de 3 heures par jour plus de trois jours par semaine et que cela dure depuis plus d'une semaine (Hyman PE et al, Gastroenterology 2006). Et cela est valable une fois que le médecin a éliminé une éventuelle pathologie sous-jacente (allergie aux protéines du lait de vache...).
Courbe des pleurs, adaptée d'une publication de Hunziker (1986) :
Source : http://www.purplecrying.info/sub-pages/protecting/the-relations-of-crying-to-sbs.php

2Les pleurs sont plus importants le soir, est-ce normal ?

Oui, c'est en fin de soirée que les bébés mettent en place leur rythme nycthéméral (basé sur l'alternance jour/nuit). Des travaux scientifiques ont montré que le bébé a la particularité de s'endormir en sommeil agité (sommeil paradoxal), contrairement à nous qui commençons par une phase de sommeil léger (voir plus bas encadré sur les cycles du sommeil). "Il faut accompagner les pleurs entre 18 et 22 h mais ne pas distraire les petits qui sont en train d'apprendre à dormir", conseille le Dr Marc Bellaïche.

3D'où ça vient ?

Ces pleurs sont la conjonction de quatre éléments. D'abord, il y a l'installation du sommeil (voir paragraphe ci-dessus) et le besoin d'être rassuré (les pleurs sont aussi la seule voie d'expression du nourrisson). Les bébés peuvent avoir une dysbiose c'est-à-dire une altération de l'équilibre bactérien la flore intestinale. Les études ont montré que ceux qui possédaient moins de lactobacilles et de bifidobactéries souffraient davantage de coliques du nourrisson. Enfin, cela peut être expliqué par le transit intestinal (motricité digestive). Des chercheurs se sont intéressé au taux de motiline, l'hormone de la motricité digestive, dans le cordon ombilical. Résultat, ceux qui ont les taux les plus élevés à la naissance souffrent davantage de coliques, sûrement en raison d'une sorte d'"hyperactivité intestinale".
Par ailleurs, les coliques du nourrisson sont aussi fréquentes qu'ils s'agisse de bébés allaités au sein ou non.

4Que faire ?

Les probiotiques permettent d'améliorer l'équilibre de la flore intestinal (quantité de lactobacilles et de bifidobactéries). Leur efficacité a été prouvée chez les bébés allaités au sein.
Les médicaments (paracétamol, inhibiteurs de la pompe à protons) n'ont aucune efficacité, sauf si leur prise est justifiée médicalement (inflammation de l'œsophage...).
La calmosine est un sirop contenant de l'extrait de fenouil. Elle jouerait un rôle en permettant d'améliorer le transit intestinal.
Les laits spéciaux ou enrichis peuvent également jouer un rôle sur la motricité digestive mais cela demande encore à être démontré scientifiquement.

5Est-ce que cela peut être grave ?

Les coliques du nourrisson finissent par passer toutes seules. Il a été montré que les adultes qui avaient fait des coliques du nourrisson souffraient plus volontiers de maux de ventre ou de migraines dans la suite de leur vie. Mais il ne sont pas pour autant plus malades.

Les cycles du sommeil.
Le sommeil est constitué par la succession de cycles débutant par le sommeil lent et finissant par le sommeil paradoxal.
• Le sommeil lent est composé de quatre stades :
- les stades 1 et 2 correspondent au sommeil léger : durant le stade 1, il est possible d'être réveillé par le moindre bruit et on a l'impression de ne pas dormir ; pendant le stade 2, l’activité du cerveau diminue progressivement, les muscles se détendent, le cœur ralentit.
- les stades 3 et 4 correspondent au sommeil profond, durant lesquels le cerveau n'est plus sensible aux stimulations extérieures. C'est durant cette phase que les organes reconstituent leurs réserves d’énergie.
• Le sommeil paradoxal arrive ensuite avec une activité cérébrale qui redevient intense, des mouvements oculaires en saccades. C’est au cours de cette phase que se produisent la majorité des rêves.
La répartition varie au cours de la nuit : le début de nuit contient plus de sommeil profond et en seconde partie de la nuit, les sommeils léger et paradoxal sont plus importants.
 source : sciencesetavenir