Votre enfant montre des signes de mal-être ? Beaucoup de parents ne savent pas toujours s’ils doivent consulter un psychologue. Un spécialiste vous conseille et des parents témoignent.



Les psys eux-mêmes le disent : les parents sont de plus en plus nombreux à les solliciter pour leurs enfants.

Aller chez le psy n'est plus un problème

« Les mentalités ont changé, confirme le Dr Patrice Huerre. Aujourd’hui, ils n'hésitent pas à faire cette démarche, et en parlent sans complexe comme s’il s’agissait d’une consultation chez l’ophtalmologue ! »
Conséquence de cette augmentation de la demande : un allongement des délais d’attente pour décrocher un rendez-vous : « Il faut compter en moyenne de trois à six mois pour un pédopsychiatre. »

Les parents ont besoin d’être rassurés

Ce qui motive leur décision ? Parfois, ce sont les enseignants ou les proches qui le leur suggèrent, mais pour la plupart, c’est un choix personnel : « A la différence des générations précédentes, pour qui les “ratages” faisaient partie de la vie d’un enfant, beaucoup de parents aujourd’hui estiment qu’en les lui évitant, ils lui donnent plus de chances pour l’avenir. »
De la même façon qu’ils sont prêts à se ruiner en cours particuliers s’il n’est pas bon en maths, ils n’hésitent pas à recourir au psy si son comportement pose problème. « Cela part d’une bonne intention, mais dénote aussi leur propre anxiété vis-à-vis de l’avenir. Ils utilisent le “prétexte” de son symptôme pour venir se rassurer. »
En revanche, le Dr Huerre ne pense pas qu’ils cherchent à se dessaisir de leur rôle. Simplement, il note que beaucoup n’ont pas assez confiance dans leurs compétences parentales : « Même s’ils connaissent les réponses, ils ont besoin de la validation d’un professionnel pour les mettre en œuvre. »

Des situations souvent liées à l'éducation

Beaucoup de situations où l’on recourt à un psy relèvent en réalité de l’éducation. Lorsqu’ils sont inquiets, les parents oublient que la première chose à faire est d’en parler à leur enfant et d’écouter ce qu’il a à dire.
C’est seulement si les parents perdent pied, qu’ils n’ont plus l’énergie ou les mots que l’intervention d’un psy semble justifiée : « Même si le problème n’est a priori pas dramatique, le fait qu’ils se sentent désarmés mérite une consultation », signale le Dr Huerre.

Un changement brutal chez l'enfant

Pas d’hésitation non plus si l’enfant est en souffrance, par exemple à la suite du divorce de ses parents. Le psychothérapeute peut l'accompagner pour surmonter sa douleur.
Autre situation qui doit alerter les parents, un changement brutal chez l'enfant. Il ne parle plus, ne mange plus, ses résultats scolaires chutent. Les spécialistes sont formels, si vous ne comprenez pas ce changement de comportement, il est fortement conseillé d'emmener votre enfant chez le psychologue.

Des parents témoignent

Agathe, maman de Marin, 6 ans. Tout était compliqué avec Marin : se laver, manger, respecter les horaires… Il n’acceptait aucune aucune règle. Il était tout le temps en demande, et nous, au bord de l’épuisement. Quand il s’est mis en plus, à manifester de la jalousie vis-à-vis de son frère aîné, j’ai compris qu’il fallait nous faire aider par un psychologue. Il n’y a eu que cinq séances, mais quels progrès depuis !
Odrey, maman de Lila, 6 ans. Je voyais bien que le système de garde alternée ne convenait pas à ma fille. Elle était agressive, surtout envers elle-même, me disait qu’elle voulait être tout le temps avec moi. Je me demandais si ce n’était pas du chantage affectif. Indécise, j’ai consulté un pédopsychiatre, d’abord seule, puis avec Lila. Il m’a rassurée sur ma décision de changer d’organisation. Elle va beaucoup mieux.
Laurence, maman de Paul, 17 ans. Paul a toujours été un enfant soucieux, perfectionniste. Que ce soit en sport ou à l’école, il voulait être brillant en tout. Mais en première S, tout a basculé. Désespéré par ses notes alors qu’il bossait comme un fou, il a totalement perdu confiance en lui. Il ne voulait plus aller au lycée, plus manger. Impossible de le rassurer. Au bout d’un mois et demi, je l’ai emmené chez un pédopsychiatre. Une décision salutaire !

La consultation chez un psy est-elle remboursée ?

Oui, s’il s’agit d’un pédopsychiatre (médecin). L’Assurance-maladie rembourse 30,59 € la consultation s’il exerce en secteur 1 ; 25,90 € s’il est en secteur 2. Le complément peut être partiellement pris en charge par la mutuelle. Seul un médecin peut prescrire un traitement médical.
Non, s’il s’agit d’un psychologue installé en libéral. Les séances sont néanmoins prises en charge s’il pratique au sein d’une structure associative du type CMP (centre médico-psychologique), CMPP (centre médico-psycho-pédagogique) ou encore CAPP (centre d’adaptation psychopédagogique).

source : santemagazine