Jérôme Guillemont et son collègue belge Koen Andries ont reçu à Berlin le Prix de l'inventeur européen 2014. Leur équipe a mis au point un médicament antituberculeux, le premier depuis 40 ans.

Le Français Jérôme Guillemont a été primé avec son collègue belge Koen Andries. Crédit Office européen des brevets
La tuberculose, une maladie d'un autre temps ? Non : un tiers de la population mondiale est aujourd'hui porteur de cette infection, notamment en Afrique sub-saharienne, en Chine ou en Europe de l'Est ; elle fait près de deux millions de morts tous les ans.

Premier nouveau antituberculeux depuis 40 ans

Ce triste bilan se rappelait à tous, le 17 juin 2014, sous la lumineuse verrière de l’ancien Kaiserliches Telegrafenamt ("Bureau télégraphique impérial") de Berlin. L'édition 2014 des Prix de l'inventeur Européen y a mis à l'honneur le Français Jérôme Guillemont et le Belge Koen Andries : ces chercheurs sont récompensés pour avoir développé un médicament, la bédaquiline, le premier nouvel antituberculeux depuis 40 ans.
Quelques instants avant l'annonce du prix attribué par l'Office Européen des Brevets (OEB), Jérôme Guillemont confiait à Sciences et Avenir sa joie de voir mis en avant "une nouvelle option de soin pour les patients atteint de la tuberculose, même sous sa forme la plus résistante".

Moins d'un an de traitement

Car les traitements actuellement disponibles contre cette maladie - qui se diffuse par la voie aérienne - sont loin d'être parfaits. Ils durent longtemps 2 ans, sont sans garantis de succès et les effets secondaires demeurent lourds (ils peuvent aller jusqu'à une totale perte de l'ouïe). L'usage de la bédaquiline devrait notamment permettre de basculer sous la barre d'un an de traitement, fournissant un contre-feu à ce qu'il faut bien appeler un retour en force de la tuberculose.
PHTISIE. Vers le milieu du 20e siècle, les médecins avaient en effet découvert que la maladie était traitable : dès lors, la plupart des activités de recherche contre celle qu'on appelait jadis "phtisie" ou "consomption"ont alors touché à leur fin. Et l'affection en a "profité" pour contre-attaquer, l'OMS soulignant ainsi dès le milieu des années 1980 la prolifération du nombre des infections. Un vrai signal d'alarme.
Il ne fallait pas rester les bras ballants face à cette maladie", commente Jérôme Guillemont.
D'où plusieurs années de recherches au sein des labos de Janssen Pharmaceutica, aux termes desquelles son équipe a finalement mis au point la la bédaquiline.
Cette molécule - dont Janssen a donné la licence d'exploitation à un groupe non lucratif - se caractérise par son mode d'action original. La bédaquiline tue à petit feu la bactérie en détruisant l’approvisionnement énergétique des cellules de la tuberculose. En primant cette molécule et ses inventeurs, le président de l'OEB, Benoît Battistelli se féliciter de voir mis en relief le lien existant entre "brevets, innovations et impacts concrets sur la société".
source : sciencesetavenir